Le label Bio Équitable en France est porté par 5 000 fermes paysannes Françaises qui se sont organisées collectivement pour construire un modèle d’agriculture résilient. Parmi elles, 43 groupements de producteurs occupent une place centrale dans la gouvernance du label. Mais qu’est-ce qu’un groupement de producteurs ? Comment fonctionne-t-il et pourquoi est-il important dans une démarche de commerce équitable ? Plongée au cœur de cette organisation collective qui transforme le modèle économique et social des producteurs français.
Qu’est-ce qu’un groupement de producteurs ?
Un groupement (ou organisation) de producteurs est un ensemble d’agriculteur.ice.s qui se réunissent avec l’objectif de produire, commercialiser et valoriser leurs produits de manière collaborative et équitable. Ces collectifs peuvent adopter différents statuts comme celui de coopérative, de SAS, de SICA, etc….
Pourquoi se regrouper ?
Pour de nombreux producteur.ice.s, rejoindre un groupement est une réponse aux défis quotidiens qu’ils rencontrent.
1. Rompre l’isolement
Les petit.e.s producteur.ice.s sont souvent seul.e.s pour s’occuper de leur exploitation agricole. En rejoignant un collectif, ils partagent leurs expériences, échangent des bonnes pratiques, se soutiennent mutuellement et s’entraident.
2. Mutualiser les moyens
Le groupement permet de faire des achats groupés de matériel, des partages de locaux, ou encore mettre en commun des compétences administratives ou marketing. Cela réduit les coûts et améliore l’efficacité.
3. Accéder aux marchés et gagner en autonomie
Ensemble, les producteurs ont plus de poids pour négocier les contrats et accéder aux marchés. Un groupement contribue à rééquilibrer les relations commerciales et à réduire les rapports de dépendance avec les acteurs économiques de l’aval de leur filière.
Bio Équitable en France favorise également cette autonomie en donnant de la visibilité aux produits vendus par les groupements. L’association ouvre des débouchés sur des marchés valorisant les pratiques responsables et justes, tels que les magasins bio ou la restauration collective.
4. Défendre leurs intérêts
Le collectif permet de faire entendre la voix des producteur.ice.s et de défendre leurs droits auprès des institutions ou des décideurs. Par exemple, de nombreux groupements membres de Bio Equitable en France plaident ensemble auprès de l’administration française pour obtenir le maintien des aides à l’agriculture biologique.
Comment fonctionne une organisation de producteurs ?
Un groupement de producteurs repose sur des règles claires et une organisation démocratique :
1. Un homme, une voix
Chaque membre du groupement a le même poids décisionnel, quelle que soit la taille de son exploitation ou de sa contribution.
2. Des assemblées générales régulières
Elles offrent un espace pour débattre, partager les orientations stratégiques et voter les décisions majeures. Chaque membre peut y exprimer son avis.
3. Des élections
Les représentants du groupement sont choisis par les membres pour prendre les décisions importantes, et notamment définir sa stratégie. Ces élections sont transparentes et régulières, assurant un renouvellement des idées et une responsabilité envers le collectif.
4. Des règles de bonne gouvernance
La bonne gouvernance est un ensemble de règles qui permettent de s’assurer que les décisions des représentants sont conformes à l’intérêt général du collectif. Elles garantissent la transparence des décisions, une répartition équitable des bénéfices, et un respect des engagements pris collectivement. Elles passent par le respect d’un quorum à l’AG, des élections transparentes, des responsables bien formés,…
5. Un projet politique et stratégique
Bio Equitable en France accompagne les groupements de producteurs pour qu’ils adoptent un “projet politique” et une stratégie. Le projet politique, c’est la vision collective des adhérents. Il s’agit par exemple de développer la bio sur le territoire et d’améliorer la commercialisation des produits qui en sont issus. La stratégie, ce sont les moyens mis en œuvre pour atteindre cet objectif.
Un impact positif pour tous
Les groupements de producteurs ne sont pas seulement un outil de gestion économique. Ils incarnent une manière différente de penser l’économie : plus solidaire, plus équitable et plus durable.
L’organisation collective n’est pas incompatible avec la vente en direct, au contraire. Beaucoup d’agriculteurs engagés dans les groupements membres de Bio Equitable en France font aussi de la vente à la ferme, dans des magasins de producteurs, ou via des AMAP. Les différents circuits contribuent à la pérennité des fermes.
En revanche, le label refuse les systèmes d’intégration qui existent parfois en élevage (poulets, porcs). Dans ce fonctionnement, la coopérative ou l’entreprise fournit les animaux et l’alimentation puis rachète les animaux une fois engraissés. La ferme perd toute autonomie et l’éleveur n’a pas de marge de négociation.
Les groupements de producteurs démocratiques rassemblant des fermes autonomes sont le socle du commerce équitable. En les soutenant, Bio Équitable en France aide les agriculteurs à défendre leurs intérêts communs. Ainsi, ils dépendent moins des aléas du marché ou de la puissance de négociation des acheteurs. Leur bonne gouvernance associée à la force du label, permet de bâtir des filières justes et durables, au bénéfice de leurs membres et des consommateurs.
