Coufidou est une coopérative située dans le Lot-et-Garonne, elle regroupe 42 paysannes et paysans qui cultivent des prunes d’Ente pour faire le pruneau d’Agen !
Que produisez-vous ?
« Des pruneaux sous toutes ses formes : mi-cuits, séchés, en jus, en purée, pruneaux fourrés…»
Pourquoi avoir rejoint le label ?
« Au travers de ses valeurs, la même vision du modèle économique de l’ensemble des producteurs associés de la coopérative. »
Pourquoi c’est bon pour les paysan-ne-s et ma santé ?
– coopérative 100% pruniculteurs qui a 50 ans
– garantie d’un prix minimum pérenne pour les producteurs
– riche en magnésium, potassium, fibres et fer
Témoignage de Philippe Sfiligoï, Verger Bio des Pruneraies, Aiguillon, Lot-et-Garonne - Coopérative Coufidou
Qui êtes-vous ?
Philippe, je suis arboriculteur, producteur de pommes et de prunes pour les pruneaux d’Agen. Je suis en bio depuis 15 ans, et en biodynamie depuis 3 ans. 100% du verger est en bio. J’ai commencé l’arboriculture en conventionnel mais ça ne me correspondait pas, j’étais enfermé dans un schéma où on me disait de produire toujours plus pour être compétitif, c’était sans fin.
Que produisez-vous sur la ferme ?
Nous avons 80 hectares de vergers. 17 variétés de pommes et des prunes d’Ente pour faire le pruneau d’Agen. Tout est récolté à la main. Pour les pommes on commence la récolte vers le 10/15 août, jusqu’à novembre. La récolte de prune commence elle vers le 15/20 août grâce à un système de filets en couverture totale du sol, on ramasse les prunes à terre, puis on les fait sécher dans des fours à prunes traditionnels. Les étuves permettent d’envoyer de l’air chaud et sec d’un côté du four, quand l’air ressort il est saturé. L’idée c’est de déshydrater les fruits mais pas trop rapidement, et à basse température (sinon ils caramélisent). On passe de 73 à 55 degrés. Pour les pruneaux mi-cuits il faut compter 15 à 20 heures de séchage, 20 à 24h pour les pruneaux secs. Nos prunes sont ensuite vendues à Coufidou qui s’occupe du conditionnement et de la transformation, elles peuvent devenir des pruneaux en vrac, des pruneaux fourrés, des pruneaux enrobés de chocolat etc… Les pommes quant à elles sont vendues par la coopérative COFRA, en frais, en jus, en compotes etc…
Pourquoi travailler avec des coopératives ?
Nous avons fait ce choix car cela permet d’échanger avec d’autres agriculteurs et ne pas avoir à gérer la partie commerciale. Nous ne travaillons qu’avec des coopératives à taille humaine, nous ne voulons pas être un numéro. Cela permet de maîtriser ce qu’il s’y passe et de participer au développement de la coopérative.
Comment êtes-vous organisés ? Combien de personnes travaillent avec vous ?
Je travaille avec mon fils et nous avons 5 salariés permanents. Nous avons du renfort pour les périodes de récolte, de taille et d’éclaircissage.
Quels sont les risques liés aux maladies et aux insectes et comment les gérez-vous ?
La pomme est sensible à la tavelure qui tâche les fruits et les feuilles, contre cela nous faisons des traitements préventifs. La prune elle est sensible aux moisissures, nous faisons aussi quelques traitements mais cela reste très limité, nous n’avons pas de gros soucis. Que ce soit pommiers ou pruniers nous faisons de la confusion sexuelle (ndlr : consiste à introduire des phéromones pour détourner le mâle de la femelle et éviter que l’espèce ne se propage) pour lutter contre les insectes. Avec la biodynamie nous faisons par exemple des apports en silice et de bouse de corne cela permet d’améliorer la structure du sol.
Nous faisons aussi beaucoup de couverts végétaux : féverole, lin… qui permettent d’améliorer le sol. Nous semons des bandes fleuries et nous travaillons avec un apiculteur.
Que faites-vous en ce moment sur la ferme ?
C’est la période de la récolte de pommes ! Elles sont cueillies à la main dans des petits paniers puis vidées dans des caisses. Nous avons fini la récolte de prunes, lorsqu’on les ramasse elles doivent être séchées dans la nuit sinon elles pourrissent vite.
Quels sont vos projets ?
Mon fils va reprendre l’exploitation, il ne s’orientait pas du tout vers l’agriculture, il a une formation de juriste. Le fait que je sois passé en bio a motivé son choix. Nous sommes dans la période de transmission de l’entreprise.
Pouvez-vous nous parler d’agroécologie ?
Depuis mon passage en bio nous avons remis des haies autour et dans les vergers, sur les grandes parcelles. Quand on replante des arbres on remet aussi des haies. Nous faisons aussi beaucoup de couverts végétaux : féverole, lin… qui permettent d’améliorer le sol. Nous semons des bandes fleuries et nous travaillons avec un apiculteur qui laisse ses ruches dans nos vergers toute l’année. Il y a 7 ruchers avec une dizaine de ruches. Ça nous permet de voir qu’on a une bonne gestion de nos produits car les abeilles vont bien et la qualité du miel est constante. Il n’a pratiquement plus de mortalité d’abeilles : seulement 2% alors que la moyenne est plutôt autour de 20/25%. On maintient des bandes fleuries pour les abeilles car la période de floraison des pruniers et des pommiers est très courte (4/5 jours pour les pruniers, 15 jours pour les pommiers). On ne fauche plus les vergers, on garde un maximum de fleurs.
Pourquoi avez-vous autant de variétés de pommes ?
Nous avons planté pas mal de variétés différentes pour pouvoir proposer une diversité de pommes : Granny, Golden, Fuji, Opal, Gaïa etc… On travaille avec un conservatoire pour essayer des variétés anciennes et des hybrides de variétés anciennes. Car le problème c’est que depuis 40 ans pratiquement toute la recherche est basée sur le cultivar de la pomme Golden, que l’on croise avec d’autres. Or c’est une variété qu’on ne pourra plus produire à cause du réchauffement climatique, et puis en utilisant principalement un code génétique on appauvri la biodiversité.