Dans les Hauts-de-France, la coopérative Norabio regroupe 140 paysannes et paysans qui cultivent fruits et légumes bio et de saison. Elle existe pour répondre aux besoins des paysans bio de la région et leur permet de s’organiser ensemble, d’échanger et surtout de garder la maîtrise de leurs débouchés.
Pourquoi avoir rejoint le label Bio Equitable en France ?
« Nous sommes engagés pour le développement d’une agriculture paysanne, biologique et équitable. La contractualisation sur 3 ans nous permet de sécuriser nos filières, en maintenant un prix de vente rémunérateur pour nos producteurs adhérents. C’est aussi une reconnaissance des pratiques sociales et environnementales de notre groupement. »
Quels sont les produits labellisés Bio Equitable en France ?
« Norabio permet la distribution de l’immense majorité des fruits et légumes cultivés en Nord-Pas-de-Calais – Picardie »
Où trouver ces produits ?
Partout en France dans les magasins bio et en particulier les magasins Biocoop. En plus, dans la région Hauts-de-France via le Biocabas, les restaurants et les cantines scolaires.
Pourquoi c’est bon pour la planète, les paysan-ne-s et ma santé ?
– une coopérative active pour le développement de l’agriculture bio dans la région Nord Pas de Calais-Picardie
– des variétés rustiques, gages de biodiversité
– des partenariats avec des jardins d’insertion, un ESAT et un espace test agricole
– des fruits et légumes locaux et de saison, cultivés dans le respect de nos critères bio et agroécologiques
Témoignage d'Amandine Lecerf, Les Vergers de Beaudignies, Beaudignies, Nord - Groupement Norabio
Qui êtes-vous ?
Amandine, 37 ans, je suis arboricultrice depuis 12 ans. Je suis installée en bio depuis 2010 avec mon mari sur 14 hectares, dont 6 de vergers. Je suis également Présidente de la coopérative Norabio depuis décembre dernier. Nous sommes tous deux issus du domaine bancaire, nous avons repris la ferme à mes beaux-parents suite à leur départ à la retraite. Mon mari a travaillé pendant 3 ans avec son père pour apprendre la pratique, les soins du verger, les actions récurrentes etc… et moi j’ai suivi une formation de responsable d’exploitation.
Que produisez-vous sur la ferme ?
Aux Vergers de Beaudignies nous cultivons pommes, des poires, des cerises, des prunes, des pêches, des noix et des baies. Nous avons environ 9000 arbres, une trentaine de variétés de pommes (la principale c’est la Boskoop, la pomme de notre terroir), et 3 variétés de poires, principalement des Conférences et des Comices. On vend la moitié à la coopérative Norabio et le reste en vente directe : magasin à la ferme, AMAP, et marchés de la région Lilloise.
Comment êtes-vous organisés ?
Nous sommes tous les deux, avec l’aide de saisonniers en période de récoltes. Les profils sont variés, ça peut être des étudiants, des personnes en recherche d’emploi, ou encore des personnes en transition entre deux emplois.
Que faites-vous en ce moment sur la ferme ?
On a commencé à récolter il y a 15 jours les variétés précoces. Actuellement on récolte et on s’occupe de la vente. Les récoltes s’étendent jusqu’à début novembre, sachant que la grande majorité a lieu entre septembre et octobre.
Quels sont vos projets ?
On aimerait bien faire de la vigne, projet un peu original pour notre région. Sinon nous sommes déjà bien occupés ! Depuis 5 ans nous avons également une cinquantaine de moutons pour entretenir le verger, cela nous prend pas mal de temps. C’est le lien entre la terre, le végétal et l’animal ! Les moutons sont dehors toute l’année. C’est une race spécifique qui ne mange pas les arbres, mais elle mange les pommes (!), donc ils restent dans les prairies lors des périodes de cueillette. De novembre à mars ils retournent dans les vergers.
Quelle est votre vision de l’agroécologie ?
L’agroécologie pour nous c’est faire de l’agriculture extensive. On a un verger assez traditionnel implanté en basse tige (ndlr : plus petite version des arbres fruitiers) avec au milieu un hectare de noyers, du pré-verger (ndlr : prairie permanente avec des arbres fruitiers), une parcelle de cerisiers-pêchers, autour il y a des prairies avec des arbres qui ont plus de 50 ans. Nous avons donc une grande diversité, aussi bien en termes d’espèces, d’arbres, d’âges, que nous entretenons pour garder la biodiversité et favoriser la faune auxiliaire. L’inconvénient principal c’est le carpocapse, un ver qui attaque pommiers et poiriers, mais ça fait partie d’un verger bio ! Il faut savoir trouver l’équilibre entre la préservation de la biodiversité et la limitation des prédateurs. Nous avons aussi des hôtels à insectes, des perchoirs, des nichoirs… nous avons beaucoup de buses dans la région. On cohabite avec les lapins et les chevreuils, malheureusement nous avons dû nous résoudre à clôturer pour protéger les arbres des chevreuils car ils les cassent en s’y frottant.
Nous avons donc une grande diversité, aussi bien en termes d’espèces, d’arbres, d’âges, que nous entretenons pour garder la biodiversité
La ferme que vous avez repris était en conventionnel, pouvez-vous nous parler de votre passage en bio ?
Nous avons décidé de tout passer en bio au terme d’un an de transition. Pour mes beaux-parents la chimie ça facilitait les choses, même s’ils n’en utilisaient pas tant que ça. Lorsqu’on leur a fait part de notre décision ils ont eu l’impression d’un retour en arrière, maintenant ils se rendent compte qu’on est dans le vrai. Il y a aussi eu une prise de conscience des gens sur les pesticides, tous les problèmes d’environnement sont devenus des problèmes de société.
Pouvez-vous nous parler de la qualité de vos produits, pour l’environnement et pour les consommateurs ?
Nous sommes en bio depuis 2010, et chez Biocohérence depuis 2016/2017, on voulait un parcellaire 100% bio, on se voyait mal faire les deux. Nous avons une station météo qui nous permet de travailler avec la nature, on intervient quand il y a trop d’humidité, quand une infection se déclare etc… On a la chance d’avoir une grosse présence de coccinelles, donc pas de pucerons. Contre le ver de la pomme on fait de la confusion sexuelle (ndlr : consiste à introduire des phéromones pour détourner le mâle de la femelle et éviter que l’espèce ne se propage). Nous ne faisons pas non plus de traitement de conservation : en bio cela consiste à appliquer des algues dans le dernier mois avant la récolte pour éliminer la pourriture et permettre une plus longue conservation.
Qu’est-ce que vous aimez dans votre métier ?
J’ai la chance de toujours travailler dehors, j’aime quand il est 17/18h et qu’il fait bon dehors ! Certes c’est un métier fatiguant et notre corps nous le montre, mais on a la chance d’être au milieu de la végétation, des animaux… C’est également agréable d’être en contact direct avec les clients, de vendre quelque chose qu’on s’est donné du mal à faire, et puis on suit tout de A à Z, du choix de la variété jusqu’au conseil client.