Rencontre avec Yoann Tocquet, apiculteur bio implanté en Haute-Vienne (Limousin)

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Ce mois-ci, nous partons à la rencontre de Yoann Tocquet, apiculteur bio implanté en Haute-Vienne. L’histoire d’un producteur au savoir-faire traditionnel et artisanal, respectueux de ses abeilles et de l’environnement.

 

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre activité et exploitation ?

Je m’appelle Yoann Tocquet, je suis apiculteur bio depuis 2020 en Haute-Vienne, dans le Limousin. Avant de m’installer, j’ai travaillé en tant qu’apprenti et saisonnier chez d’autres apiculteurs, tout en passant mon diplôme. Aujourd’hui, je gère seul entre 350 et 400 ruches, une activité exigeante mais passionnante. 

 

En parallèle, je suis vice-président de la coopérative “Les Miels Bio des Limousins”, créée fin 2020. Elle regroupe 11 apiculteurs qui partagent un savoir-faire traditionnel et artisanal pour proposer un miel bio, local et à la production qui suit les principes agro-écologiques.

 

Que produisez-vous ?

Je produis du miel bio, labellisé Bio Équitable en France, ainsi que des confiseries bio que je fabrique directement sur ma ferme. Il s’agit de pain d’épices, de nougat et de bonbons comme des guimauves au miel et au chocolat. 

 

Je vends mon miel à la coopérative, qui s’occupe du conditionnement et de la distribution dans des enseignes comme Biocoop. Quant aux produits transformés, je les propose sur les marchés locaux, notamment à Saint-Junien et Limoges.

 

Quels modes de production utilisez-vous ?  

Je pratique une apiculture respectueuse des abeilles et de l’environnement. 

 

Tout d’abord, mes ruches sont fabriquées en bois uniquement, sans vernis synthétique. La cire présente à l’intérieur est issue de ma propre production bio. Concernant mes abeilles, elles naissent et sont élevées dans mon exploitation bio. Leurs sources de pollen et de nectar sont disponibles directement autour des ruchers. Et les ruches sont installées de manière fixe, au milieu de zones sauvages ou préservées (parcs naturels régionaux ou réserves naturelles). Elles ne butinent donc que des fleurs sauvages. En hiver, le nourrissement des abeilles est limité et constitué uniquement de sucre bio. J’utilise également des produits de soin bio pour lutter contre les ravageurs. Enfin, je récolte le miel en fonction du rythme biologique de mes abeilles.

 

L’objectif est de les garder en bonne santé, pour pouvoir produire de manière durable et qualitative.

 

Concernant ma production de confiseries à base de miel, je travaille beaucoup avec des fruits secs et du chocolat. Les matières premières que j’utilise sont toutes bio et proviennent de France lorsque cela est possible. C’est le cas de la farine, des œufs et du beurre. Quand les filières sont inexistantes sur le territoire, je me fournis au plus proche. Par exemple, les amandes et les pistaches viennent d’Espagne, les noisettes d’Italie et le chocolat est issu du commerce équitable.

Yoann Tocquet, apiculteur bio
Yoann Tocquet, apiculteur bio

Pourquoi avoir choisi de vous engager dans une démarche de commerce équitable ?

Mon engagement dans le label Bio Équitable en France est en phase avec mes valeurs et mes pratiques. Le bio a toujours été une évidence pour moi, d’autant plus dans ma région. C’est un territoire rural et protégé, composé de bocages, forêts, prairies et de petites cultures. Le respect de la biodiversité est inhérent à mon métier. 

 

Par ailleurs, Bio Équitable en France m’apporte de la sérénité en m’assurant des débouchés stables et pérennes. Et la visibilité offerte par les contrats de trois ans me permet d’envisager l’embauche d’un salarié de façon pérenne.

 

Enfin, le label garantit non seulement une juste rémunération pour les producteurs mais également un juste prix pour le consommateur. Il permet d’éviter les marges surréalistes de distributeurs par rapport au coût de la matière première.

 

Quels sont les enjeux de l’agriculture de demain selon vous ?

Les filières françaises ont besoin d’être soutenues face à la concurrence sur les produits transformés. En effet, certaines pratiques commerciales déloyales sont désormais bien connues, comme le miel frauduleux en provenance de Chine. Le produit est fabriqué en fonction des contrôles à l’arrivée et est vendu à un prix très bas. Cela met en péril les apiculteurs français qui ne peuvent pas s’aligner. Il est donc essentiel de renforcer les contrôles aux frontières pour garantir la qualité des produits et protéger les producteurs locaux.

 

Pour cela, les pouvoirs publics doivent prendre conscience que les apiculteurs français contribuent à préserver la pollinisation, elle-même essentielle à leur production. Et celà a un coût.

 

Une agriculture durable et équitable est la clé pour préserver notre planète et nos ressources.