Dans le Gard, la coopérative Uni-Vert regroupe 70 paysannes et paysans qui cultivent fruits et légumes bio et de saison. Créée en 1991, elle est 100% bio depuis 2014, et est historiquement engagée dans le commerce équitable.
Pourquoi avoir rejoint le label Bio Equitable en France ?
« Pour nous démarquer et développer un commerce équitable origine France qui permet d’appuyer et de valoriser les hommes, la terre et les générations futures. »
Quels sont les produits labellisés Bio Equitable en France ?
« Courgettes, tomates, concombres, aubergines, melons, abricots, poires, pommes, salades, épinards… une grande variété de fruits et légumes ! »
Où trouver ces produits ?
En vente directe à Saint-Gilles (Gard), et dans toute la France en magasins bio et grandes surfaces.
Pourquoi c’est bon pour la planète, les paysan-ne-s et ma santé ?
– fruits et légumes locaux et de saison, cultivés dans le respect de nos critères bio et agroécologiques
– ancrage territorial et maintien de l’emploi local, pas de recours aux travailleurs détachés
– l’écart de salaires entre salariés est limité de 1 à 5
– la coopérative est engagée dans la réduction de son empreinte carbone (panneaux photovoltaïques, recyclage du carton, chariots élévateurs hybrides…)
Témoignage de Sabine Lagarde, EARL Tchoukoumbe, Bellegarde, Gard - Groupement Uni-Vert
Qui êtes-vous ?
Sabine, 53 ans, je suis mariée avec Jean-Claude et nous avons 3 enfants. Avec mon mari nous nous sommes associés et avons repris la suite de mon père en 2005. Il était installé en bio depuis 1989 et était un des membres fondateurs de la coopérative Uni-Vert. Mon mari était carrossier-peintre et moi je travaillais comme juriste-animatrice dans des organisations agricoles puis j’ai été chargée de mission pour un programme de développement agricole au Bénin.
Que produisez-vous sur la ferme ?
Nous faisons principalement du maraîchage bio sous abri sur 2 hectares et demi, ponctuellement un peu de plein champ. En cultures d’hiver nous faisons de la salade, des épinards, de la coriandre et du chou rave. Cela peut évoluer selon les années. Au printemps nous faisons des courgettes, des concombres, des tomates anciennes et des tomates cerises. Nous avons également un peu de vignes, en cépages Clairette de Bellegarde et Syrah, que nous vendons à la cave coopérative de Bellegarde. Nous venons d’installer un verger de kakis pommes.
Comment êtes-vous organisés ?
Avec mon mari nous sommes tous les deux chefs d’exploitation. Nous avons 2 salariés permanents et un apprenti. Avec les saisonniers cela fait 6/7 personnes à plein temps à l’année.
Que faites-vous en ce moment sur la ferme ?
En ce moment c’est la période creuse, nous n’avons pas de récolte en cours, les dernières étaient début août. Maintenant on fait de l’entretien, du nettoyage. La semaine prochaine on va préparer les cultures d’hiver : on va bâcher une partie des tunnels, commencer les préparations de sols, les irrigations. On commence à planter nos cultures fin septembre pour un début de récolte fin octobre-début novembre.
Quels sont vos projets ?
Nous venons d’installer 600 arbres de kakis pommes, nous espérons avoir une première récolte dans 3 ans. Les kakis pommes ont les arômes du kaki sans l’astringence.
Nous essayons également de développer la biodiversité sur l’exploitation, cela passe par l’installation d’infrastructures écologiques : arbres, haies diversifiées, nichoirs à oiseaux… pour héberger les auxiliaires et protéger nos cultures. Par exemple on sème des fleurs à la volée en bord de tunnels. On a beaucoup de haies qui nous protègent du mistral (ndlr : vent du nord présent en Méditerranée) mais qui sont quasiment uniquement composées de Cyprès. On introduit de nouvelles espèces pour avoir des haies composites qui permettent d’héberger une diversité d’espèces. D’ailleurs au bord de notre verger de kakis on a planté une centaine de mètres de haies diversifiées. Le GRAB (ndlr : Groupe de Recherche en Agriculture Biologique) a un programme de recherche là-dessus, ils nous proposent des solutions. Uni-Vert emploie également deux techniciens pour nous aider sur ce genre de sujet.
On a la chance d’être dans un endroit où tout le monde est en bio depuis une vingtaine d’années, on a une réserve d’oiseaux juste à côté donc on a un beau terrain pour les auxiliaires, les insectes. Nous intervenons assez peu sur la vigne, nous cherchons à avoir à la fois un volume de production correct et à favoriser le développement par la vigne de ses propres résistances aux maladies.
Quelles autres mesures agroécologiques prenez-vous pour vos cultures ?
On fait de la confusion sexuelle sur les tomates, ça sert à éviter qu’une mouche attaque nos cultures. Cela consiste à introduire des phéromones pour détourner le mâle de la femelle et éviter que l’espèce ne se propage et ravage les cultures. On travaille aussi avec des auxiliaires de cultures, c’est-à-dire qu’on introduit des insectes pour lutter contre les pucerons par exemple. On doit anticiper, le principe de l’agriculture biologique c’est la prévention. Notre avantage c’est que le mistral limite bien les maladies qui viennent des champignons, comme le mildiou. On utilise également des variétés résistantes pour la période hivernale qui est un peu plus à risque.
En bio on anticipe, on nourrit le sol pour nourrir la plante… et la planète.
Le commerce équitable, qu’est-ce que ça vous évoque ?
Je suis ravie d’être dans un système de commerce équitable. Pour nous c’est avant tout une démarche interne, nous sommes transparents sur les prix etc… On s’interdit des pratiques comme l’emploi de travailleurs détachés, on verse des primes, en somme on partage la richesse produite par l’entreprise.
Qu’est-ce que vous aimez dans votre métier ?
C’est un beau métier, on nourrit les hommes ! Avec mon mari on avait envie de se lancer en agriculture et pour nous c’était évident que nous allions continuer la ferme en bio. On ne savait tout simplement pas comment faire en conventionnel, c’est un raisonnement totalement différent. En bio on anticipe, on nourrit le sol pour nourrir la plante… et la planète.